Légalisation en boucle ?

La Commission d'addiction a présenté dans son dernier rapport ses craintes et ses demandes pour une nouvelle approche du cannabis en Suisse. A Bâle, le premier projet pilote a enfin démarré fin janvier : près de 200 participants à l'étude ont commencé à se procurer légalement du cannabis d'étude.

Beaucoup de beaux rapports

La commission s'est d'abord appelée EKDF, puis EKSF, et maintenant EKSN. Cette fois-ci, son rapport de fin 2022 résume les conclusions tirées dans les régions où la légalisation a déjà eu lieu (et de nombreuses manières différentes). La commission considère certaines de ces évolutions comme problématiques. Elles doivent être évitées en cas de légalisation en Suisse. Le rapport évoque la crainte que la société perde le contrôle : si l'on laisse un marché libre se développer, il y a bien sûr des excès étranges (les oursons en gomme au THC dans un emballage adapté aux enfants n'en sont qu'un exemple). Mais il est également clair que trop de prescriptions ne peuvent guère être contrôlées (qui va payer ?) et que des obstacles trop élevés dissuaderaient les consommateurs de s'approvisionner légalement, ce qui laisserait donc le marché noir perdurer.

La réalité n'est pas belle

Car nous devons déjà reconnaître (et cela passe un peu inaperçu chez de nombreux spécialistes des addictions) : le marché noir actuel existe et fonctionne, il fournit. Malheureusement, ni la société ni les consommateurs n'en ont le contrôle. Il y a donc déjà eu une énorme perte de contrôle ! Grâce à la répression, des structures que nous aimerions ne pas avoir dans une démocratie prospèrent : les gangs, les groupes mafieux, les personnes violentes. La police et la justice n'ont jamais réussi à maîtriser ce phénomène.

Une approche pragmatique s'impose

Il faut donc une approche réaliste. Le marché noir est la pire des solutions. La légalisation a aussi ses problèmes, mais on ne peut pas tout contrôler. Actuellement, nous avons tendance à continuer à faire des projets pilotes pendant des années, à rédiger des rapports de mise en garde, à discuter des subtilités juridiques académiques des textes et à ne pas conclure par peur. C'est pourtant ce qu'il faudrait : la réalisation d'une solution réalisable et susceptible de réunir une majorité - au service des consommateurs et de la société.

Dernière modification : 2023/12/22 21:17

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Aperçu juridique

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